Fruits et légumes

Publié le par Anne-Yvonne Le Dain

Dimanche matin, j'ai fait mon marché. 

J'ai acheté un petit paleron de boeuf, de la salade, des pommes, des oignons, des poireaux, des bananes, et des oranges. La viande et les salades étaient "bio" (labellisé AB), les oignons et les poireaux étaient "paysan", les bananes et les oranges étaient "classiques".

Voici 2 images : 

- en haut, marché paysan, produits d'ici, cultivateurs d'ici, pommes de terre, choux, potiron, salades, oignons, carottes d'ici

Marché paysan légumes hiver-light

Marché local paysan

 

 

- en bas, marché normal, pommes (nombreuses variétés et calibres), oranges, mandarines, bananes, carottes, poires, etc,  pas d'ici pour les agrumes, un peu d'ici pour les pommes et les poires, plutôt d'ici pour les carottes et les choux (pas sur la photo, les choux)


Halle Antigone orange pommes-light

Halle Antigone

 

Les uns sont "en circuits courts", c'est à dire produits et distribués localement.

Les autres sont parfois produits ici, parfois produits pas trop loin (Pays de Loire, Provence, Midi Pyrénées, Bretagne) ou bien plus loin (Pays-Bas, Guadeloupe, Maroc, Espagne) (une petite remarque cependant : ici à Montpellier, l'Espagne est moins loin que la Loire ou la Bretagne...., en train comme en camion ou, au pire, à peu près à la même distance, que l'on parle des artichauts du Léon en Bretagne ou des fraises d'Andalousie en Espagne).

Quel est donc mon propos ?

Tout d'abord, le Coût Carbone du transport.

Il est évident que les circuits courts sont pertinents. Le paysan paye à plein le coût de son transport, chaque jour qu'il fait un marché. Pour les produits qui passent par les grands sites d'échanges que sont les "MIN" (Marché d'Intérêt National)  de Montpellier, Chateaurenard (énorme, près d'Avignon), ou le Marché St Charles dans les PO (encore plus gros) qui brassent des stocks considérables de fruits et légumes, il n'y a que le transport "petit camion" du marchand local qui pèse un "poids carbone" lourd, entre le MIN et son propre site de stockage. Entre le champ et le MIN, il y a eu des systèmes de transports considérables qui se sont déployés (la "logistique" est un métier en plein essor), qui ont "mutualisé" les coûts Carbone, en les amenant assez bas, une fois rapporté au kg vendu. Il n'est pas évident que le coût carbone du "circuit court" soit beaucoup moins élevé que l'autre, car les "masses" en jeu ne sont pas du tout du même ordre. Par contre, le "circuit court" fait vivre une économie locale, entretient les paysages d'ici, et on sait d'où vient ce qu'on mange, ce qui est - pour moi - important. On note aussi, depuis quelques temps, la renaissance des épiceries de quartier, que ce soit "l'arabe du coin" (sic) ou le "primeur du coin", un peu bobo. Ils ont parfois des produits "bio" et, toujours, beaucoup de choses.

Ensuite, l'équilibre des saisons.

En circuits courts, sur un marché paysan, on trouve des produits de saisons: en haut, sur la photo, pommes de terres, carottes, choux divers (et d'hiver), salades, potirons, oignons, poireaux. Les haricots et petits pois, ce sera au printemps, comme les fraises.

En circuits "traditionnels" (c'est à dire avec distance à parcourir et chambres froides), il y a les pommes et poires d'hiver (récoltées à l'automne et donc conservées), dont la maturation est parfois "terminée" dans des chambres à éthylène (pour mémoire, un fruit qui mûrit produit "naturellement" de l'éthylène), et il y a les oranges-mandarines-banane-ananas qui viennent des ... pays chauds (évidemment). Au plus proche, ils arrivent du Sud de l'Espagne, ou du Maroc, voire de Turquie ou d'Algérie. Sinon, c'est la Corse (bateau ou avion) et les tropiques (plutôt bateau, sauf pour le luxe : avez- vous déjà mangé des litchies "avion" ? ça n'a rien à voir avec les autres...., mais c'est cher).

Quant aux tomates, qui me mettent bien en colère, elles viennent .... de partout et, en hiver, surtout d'Europe du Nord, en particulier des Pays-Bas, qui en cultivent des quantités phénoménales, sous serres chauffées avec le gaz de la mer du Nord. Voila voila voila.

Pendant des décennies, les producteurs bataves n'ont pas payé leur chauffage de serres. Ce qui fait que leurs investissements sont maintenant amortis. S'il est vrai qu'aujourd'hui ils payent (un peu) leur énergie, ils n'ont plus l'investissement à payer, c'est du fonctionnement courant, ... et surtout, ils ont capté les marchés ! Ils nous ont habitués à manger des tomates en hiver.  

Moi (nous, notre famille) ne mangeons pas de tomates en hiver (sauf les microscopiques, pour l'apéro, cultivées sous serre chez nous ou en Corse). Nous achetons des sauces tomates en petites briques Cabanon ou Tomacoulis (Panzani) ou Zapetti (Buitoni).. Elles sont très bonnes et on peut les accommodées, en sauce fraîche à peine chauffée, ou pour des plats cuisinés longuement longuement longuement....

Je vous livre donc ici une petite opinion personnelle pleinement assumée : ces tomates bataves n'ont pas de goût, ont peu de "qualités organoleptiques" (comme on dit), et sont nourris au goutte-à-goutte à coup d'engrais liquide NPK (azote-phophate-potasse, le fameux trio), dans le meilleur des cas sur un substrat de tourbe et plus fréquemment sur des résidus de récolte agglomérés. C'est du recyclage de recyclage, sans terre.

Dans les produits de base qu'utilise fréquemment un foyer français, il y a le café, le cacao, l'huile, le riz, le sucre, les bananes, les oranges, le caoutchouc, et bien d'autres produits comme les pommes de terre, les haricots, le lait, les pommes, pêches, poires et autres fruits de saison, la viande (du poulet élevé en batterie au boeuf sur pied de l'Aubrac en passant par le gigot d'agneau congelé australien ou argentin, etc), les poissons (de moins en moins pêchés en Méditerranée, voir Poissons bleus, poissons blancs ). Donc, mon opinion est comme celle des diéticien(ne)s : "il faut manger de tout". Du Bio, du Paysan, du Marché, du "Commerçant du coin" et même du "Grande surface du coin". Mais il faut choisir. 

Ainsi, par exemple, le kilo de pommes à 4 E, bio ou pas, je n'en veux pas. 

Je mange des pommes "golden" en sachet de 2 kg, par chères, qui mûrissent toutes seules dans le panier de fruit de la cuisine.... Par contre, pour les poires, il faut les prendre "un peu mûres" car, comme les abricots et au contraire des pêches, elles ne mûrissent pas une fois ramassées. Etc, etc  etc... (et, je le répète j'achète sans états d'âme, les petites tomates microscopiques, chères, qui poussent sous serre dans le coin, ou en Corse).

Bref, un peu de biologie et d'agronomie.... ne fait pas de mal pour bien manger. 


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article